Amandine Robaey

Pour conter ce qui compte…

Les mots coulent dans les veines et l’aura d’Amandine Robaey. Lorsque je lis ce qu’elle dit des mots, de son amour des mots, je l’imagine jonglant avec des mots en flocons de neige, jouant dans un matelas duveteux de mots, je vois des spirales légères de mots autour d’elle, une pluie de mots lumineux et beaucoup de joie.

Amandine a de nombreuses passions, mais les mots sont le fil rouge de son parcours professionnel: master de lettres, maison d’édition, enseignement du français et de la littérature…

Jusqu’à une revue en profondeur de son rythme de vie, qui l’a poussée à voler de ses propres ailes: ainsi est né « Les Mots Justes« . Amandine embrasse tous ses talents: rédactrice, biographe, et formatrice en rédaction et communication. Elle met en mots l’histoire des autres, ou leur apprend à le faire.

Amandine Robaey est Aspie. Elle en a eu la confirmation officielle très récemment, et elle a commencé les montagnes russes qui suivent cette annonce. J’espère qu’elle les mettra en mots.

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Interview

Bonjour Amandine, qui es-tu, qu’as-tu envie de dire à ton sujet ?
Je m’appelle Amandine. Je crois que je suis une solitaire qui aime profondément les gens. Un genre de paradoxe sur pattes.
Je suis mariée et je vis avec mon mari (un premier défi), je suis aussi maman d’un petit garçon de 4 ans (un second très gros défi). Je suis une personne très sensible qui vit dans un monde taillé pour des personnes beaucoup moins sensibles que moi. Même si cela me complexifie intensément la vie, j’ai appris au fil du temps à faire avec, et même parfois à trouver que cela a ses bons côtés. Pour reprendre les mots de mon mari, j’ai « la chance de recevoir le monde dans sa finesse la plus extrême ». Je vis pour ressentir, l’art, la musique et le plaisir intense d’être avec mes proches. Et quand j’aime quelque chose, je suis immédiatement aspirée par le besoin de le comprendre dans toute sa finesse et sa complexité. Un monde immense à ressentir avec, malheureusement, une toute petite batterie. Alors il faut choisir, bien calculer. Par chance, je suis en train de construire mon métier autour d’une de mes passions, et je crois à nouveau à la possibilité d’un équilibre.

Quel est ton rapport avec les mots, comment définis-tu ton écriture ?
Les mots ont toujours fait partie de ma vie et ils sont ma porte d’entrée vers le monde et les autres. Ils me fascinent autant qu’ils me rassurent, parce qu’ils me permettent de comprendre (au moins en partie) les choses, les gens, la vie. Ils sont aussi comme une béquille dans mon rapport au monde, ils me permettent de prendre de la distance et du recul, de « différer » les échanges grâce à l’écrit, lorsque la parole m’échappe.

Cela peut sembler un peu paradoxal que la communication me passionne autant, moi pour qui elle n’a rien d’inné… mais c’est peut-être justement parce qu’elle constitue un défi à mes yeux que je m’y intéresse tant, et que je cherche à la comprendre dans les moindres détails.

Et puis, au-delà de ça, les mots et la langue sont un terrain de jeu infini, un domaine où ma créativité peut s’épanouir. J’aime jouer avec les sons, le rythme, la musicalité de la langue.

Les mots sont capables de tout, et j’aime qu’ils puissent à la fois nommer avec exactitude le réel mais aussi nous emporter dans des mondes imaginaires, nous embarquer dans des aventures impossibles et nous faire vivre autre chose.

Je pense que cela doit se ressentir dans mon écriture, cette oscillation permanente entre la recherche de l’exactitude, de la justesse et le besoin de créativité et de profondeur.

Comment en as-tu fait une activité professionnelle ?
Professionnellement aussi, les mots sont présents depuis le début. (Petite parenthèse, je pense aujourd’hui pouvoir considérer la linguistique, les langues et la littérature comme des « intérêts spécifiques », dévorants, me prenant à peu près la totalité de mon temps, mais globalement bien acceptés socialement… pas comme certaines de mes autres passions comme les trains anciens, les minéraux, la paléontologie, l’informatique, etc.)
Après un master de Lettres, j’ai commencé par travailler en maison d’édition. Puis, un peu par hasard, j’ai eu l’occasion d’enseigner (le français, la littérature et la communication), et j’ai tout de suite adoré la dimension de transmission de ce métier. J’ai donc enseigné avec bonheur à des adolescents puis à des adultes, pendant plus de 10 ans. Associer une de mes passions avec un cadre social bien défini et « scénarisé », dont j’avais appris à maîtriser les codes, cela me semblait parfait.

Mais à force, le cadre a fini par me peser et m’épuiser, sans que je m’en rendre vraiment compte. Après un burn-out, j’ai réalisé qu’il me faudrait explorer d’autres pistes si je voulais réussir à travailler tout en respectant mon fonctionnement atypique. Sortir du cadre, donc, et explorer ce qu’il y avait autour. Toujours avec les mots. C’est pourquoi j’ai lancé « Les mots justes », un projet qui s’adresse à tous ceux qui ont des choses à dire mais qui ne trouvent pas les mots.

Aujourd’hui, mon métier consiste donc à raconter l’histoires des autres, avec eux ou pour eux.
Je suis à la fois rédactrice, biographe, et formatrice en rédaction et communication : des casquettes qui se complètent et s’enrichissent mutuellement, pour aborder les mots sous leurs différentes facettes, toujours avec ce fil rouge de comprendre pour transmettre. Et une grosse envie de changer le monde.

J’accompagne notamment des particuliers qui désirent transmettre leur histoire à leurs proches, retracer l’histoire de leur famille et laisser une trace aux générations futures, ou témoigner d’une épreuve surmontée et transformer cela en un message porteur d’espoir. J’aide également des professionnels à traduire leurs idées en mots, que ce soit dans des ouvrages théoriques ou sur le web, et même plus récemment dans des campagnes publicitaires, du copywriting, du storytelling, etc., afin de mettre en lumière des projets qui ont du sens.
Et enfin, la passion de la transmission directe m’ayant rattrapée, je donne aussi des formations en rédaction, en communication, afin d’offrir les outils nécessaires pour gagner en autonomie et en confiance face au langage.

As-tu d’autres talents ?
Quand je n’écris pas, je dessine, et quand je ne dessine pas, je joue et compose de la musique. Et parfois je danse. Mais de là à parler de talent, j’ai de gros doutes ! 😉

Quels sont tes projets ?
Continuer à écrire, accorder plus de temps à la partie non professionnelle de mon écriture (la poésie), voyager quand le contexte le permettra, et puis surtout apprendre de nouvelles choses, chaque jour.

Qu’aimerais-tu dire à un.e autiste qui rêve de vivre de ses talents ?
Je lui dirais de ne jamais arrêter de rêver. Mais aussi de ménager ses forces, de reconnaître son courage, ce courage dont on fait preuve 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour essayer de s’adapter à un monde qui ne s’adapte pas souvent à nous. Je lui dirais d’être indulgent.e envers lui ou elle, et de célébrer chaque victoire, d’apprendre à être fièr.e de soi. J’ai passé 35 ans à tenter en vain de rentrer dans le moule, de faire rentrer un carré dans un rond, toutes ces années à lutter contre moi-même. Je lui conseillerais de ne pas commettre cette erreur, d’accepter cette particularité qui ne dépend pas de nous, et de « surfer avec les vagues », d’apprendre à s’écouter. De quitter cette sur-adaptation permanente qui est, je pense, vouée à l’échec. Et de garder confiance. “Everything will be okay in the end. If it’s not okay, it’s not the end.” (John Lennon). C’est peut-être un peu bateau, mais cette phrase m’a souvent été d’un grand secours alors je la fais tourner. 🙂


amandine-robaey-biographe

Amandine Robaey

Site: amandine-robaey.be
Facebook: /robaeyamandine
Instagram: /les.mots.justes_
Linkedin: /in/amandine-robaey-97589a202

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