“Dancers are the athletes of God”
James Hobley se fait connaître en 2011 comme finaliste de l’émission Britain’s Got Talent.
Puis, à 15 ans il est accepté à l’English National Ballet School. À la fin de sa deuxième année à l’ENBS, il obtient une bourse pour participer aux masterclasses internationales de ballet à Prague, sous la direction de Daria Klimentová.
Il réçoit également le Prix Danse et Art Dramatique (Dance and Drama Award, DaDA). On peut dire qu’il est doué.
Une fois diplômé, il signe en 2018 un contrat pour commencer sa carrière professionnelle avec le Scottish Ballet.
James est autiste. Son frère jumeau est autiste, tout comme son frère aîné (à part ça ce n’est pas héréditaire…).
Clin d’oeil: les jumeaux sont nés en juin 1999, sous le signe… des Gémeaux. Trop fort.
Comme tu le sais, mon credo c’est “écoute les autistes eux-mêmes”. Donc laissons parler James [extraits de divers interviews en UK et en Ecosse]:
Te souviens-tu du moment où tu as décidé ou réalisé que tu voulais devenir danseur professionnel ?
C’est lorsque j’ai vu mon premier ballet à l’âge de 10 ans, Casse-Noisette. J’étais en admiration devant les danseurs et je voulais leur ressembler.
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Comment se sont passées tes études à l’ENBS ?
Les journées à l’école étaient difficiles parce qu’elles étaient très longues – nous avions des journées de 8h30 à 18h30, cinq jours par semaine, et le samedi nous avions cours. Le reste de mon week-end était consacré à la lessive, aux devoirs et aux travaux que j’avais obtenus dans le cadre de Dance Through Time [l’un des cours internes qui remplacent le niveau A de danse à l’ENBS], à la notion de Benesh et à d’autres études.
L’ENBS m’a donné une indépendance que je n’avais jamais eue auparavant, m’obligeant à grandir très vite car je devais me débrouiller seul dans Londres et je vivais pour la première fois seul. L’Ecole m’a offert de grandes opportunités : nous avons vu des ballets avec le Royal Ballet et l’English National Ballet, et j’ai eu l’occasion de suivre des cours avec l’English National Ballet et de travailler avec eux dans des productions telles que La Belle au Bois Dormant et Casse-Noisette en dernière année.
Quels sont tes souvenirs des Masterclasses de Ballet à Prague ?
C’était une expérience fantastique de se trouver dans un pays différent et dans une classe remplie d’autres étudiants et de professionnels du monde entier, et d’être enseigné par des professeurs incroyables comme Vadim Muntagirov qui, à l’occasion, a fait des démonstrations de mouvements qui ont laissé tout le monde bouche bée.
En outre, les cours tels que le pas de deux ont été un véritable défi, car nous avons appris divers extraits de ballets. Chaque soir, un professeur invité différent ou un membre du personnel organisait une séance de questions-réponses, ce qui constituait une excellente occasion d’en apprendre davantage sur les différents danseurs et metteurs en scène.
Quel est ton rituel d’avant-spectacle ?
Avant le spectacle, je m’échauffe, je fais beaucoup de balancés (une sorte de valse d’un côté à l’autre qui réchauffe les jambes) et 30 minutes avant le spectacle, j’essaie de rester dans mon coin, je plonge dans la concentration.
Quelles difficultés as-tu dû surmonter du fait d’être autiste ?
La projection a toujours été un problème pour moi dans le passé. Mon visage était levé vers le haut, mais mon regard restait tourné vers le bas. Quand j’étais plus jeune, je me mettais tellement dans ma peau en dansant que j’oubliais qu’il y avait un public. J’intériorisais une grande partie de ce que je faisais au lieu de m’adresser au public. Pendant mon séjour à l’ENBS, j’ai pratiqué et pratiqué la chorégraphie, les pas et la projection jusqu’à ce que cela ne soit plus un problème.
Il en a été de même pour l’apprentissage de la chorégraphie, car il m’a fallu beaucoup de temps et beaucoup plus de répétitions et d’exercices en dehors des cours pour vraiment m’améliorer dans ce domaine. Aujourd’hui, j’ai surmonté ce problème. L’une des choses qui m’a aidée a été de travailler avec de nombreux professeurs et chorégraphes différents pour apprendre différentes combinaisons – c’est une question de mémoire musculaire et de “c’est en forgeant qu’on devient forgeron”.
De quel moment de ta carrière es-tu le plus fier ?
J’ai participé à la Finale de l’émission Britain’s Got Talent et j’ai fait une tournée en dansant en solo dans des stades pleins à craquer, comme l’O2 et la Wembley Arena.
Quels sont les quelques mots qui décrivent votre personnalité dans le studio ?
Déterminé, concentré et motivé.
Quelles sont tes pensées sur l’autisme ?
J’ai appris à accepter que l’autisme n’est pas seulement une partie de moi, mais qu’il fait partie de mon identité. Je n’ai pas besoin de l’annoncer. Les gens m’acceptent tel que je suis. Mon cerveau est programmé légèrement différemment des autres et j’ai parfois une perspective différente sur les choses, mais ce n’est pas toujours une mauvaise chose : c’est comme Windows et Mac, ce sont des systèmes d’exploitation différents qui aboutissent à la même réponse, mais qui utilisent juste un processus différent.
J’ai une forte éthique de travail et, en raison de mon autisme, je dois parfois travailler beaucoup plus dur que les autres, mais tout ce qui compte, c’est que j’y parvienne à la fin.
“Quand je suis lancé, j’oublie tout le reste. C’est comme si je disparaissais. … Je suis simplement là. … Je vole, juste comme un oiseau. Ou comme de l’électricité…”
— Billy Elliot
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Chère Anne,
Une nouvelle fois vous nous offrez un article étayé et passionnant !
James Hobley incarne, selon sa grâce propre, son irremplaçable talent d’autiste qui est la matière vivante de son art.
Quelle inspiration !
Éric