Neurotypique.
Mot qui te désigne toi, lecteur lectrice, si tu n’es pas autiste ou dys ou TDAH (enfin, tout ce qui est labellisé “troubles du langage, de l’attention et de l’apprentissage”).
La communauté autiste, largement adepte du paradigme de la neurodiversité, a créé et utilise ce mot depuis une quinzaine d’années.
En attente d’entrée dans le Petit Robert depuis 2019, ça y est c’est fait: la neuroatypie y a été introduite en 2024 !
(Pas neurotypie ou neurotypique, paradoxalement. Pourquoi ?)
Voilà la définition qui a été choisie:
neuroatypie [nom féminin]: Fonctionnement neurologique qui diffère de la norme.
Cool.
Mais c’est quoi la norme ?
Voyons ce que Robert en dit:
norme:
1. (didactique) Type concret ou formule abstraite de ce qui doit être.
➙ loi, modèle, principe, règle. Norme juridique.
- La norme des puristes (en matière de langage).
2. État habituel, conforme à la majorité des cas.
➙ normal. S'écarter de la norme.
- Les normes sociales. Les usages et les normes linguistiques.
3. Ensemble de règles techniques, de critères définissant un type d'objet, un produit, un procédé
(➙ normaliser).
- Appareil conforme aux normes françaises NF.
4. (mathématiques) Nombre réel correspondant à la mesure d'un objet.
Oui, le 2 pourrait convenir. Ils s’en tirent bien pour un sujet aussi vaste.
Tiens, par curiosité, que dit Robert de l’autisme et des autistes? L’introduction de la neuroatypie a t’elle fait évoluer en parallèle leur définition de l’autisme?
autiste [adjectif et nom]: Atteint d'autisme.
- Un enfant autiste.
(nom) Un, une autiste.
Au secours…
Atteint d’autisme. Mais NON, on n’est pas “atteint” d’autisme, on EST autiste. Et pourquoi la sempiternelle référence exclusive aux enfants ? Robert, si tu comprends la notion de neuroatypie, tu ne peux PAS garder cette définition archaïque de l’autiste !!
Il y a encore du boulot….
Ecoute-moi Robert. En ce qui concerne le vocabulaire Âû, une définition plus fine est la suivante:
Neuroatypique
Une personne neuroatypique a une structure cérébrale, un câblage neuro-sensoriel, différente de celle que la communauté médicale considère comme normale ou neurotypique.
Personnellement j’aime de moins en moins ce mot, voire il m’exaspère de plus en plus, disons-le, car il a une connotation de bizarrerie, de bête de foire.
Neurodivergent.e
Le terme « neurodivergent » va plus loin. Ce terme est lui aussi souvent utilisé pour décrire les personnes autistes, mais il a une meilleure connotation que neuroatypique. Il suggère une différence cérébrale (cognitive), et non une anomalie.
Suis pas fan non plus de ce mot, car divergence a une connotation de partir dans le décor, et surtout d’éloignement par rapport à un centre qui serait LA référence. Or la diversité c’est une mosaïque, pas une force centrifuge par rapport à un segment de la population qui cumulerait toutes les normalités. C’est comme les pays sur Terre: il n’y en a pas un au centre du monde avec les autres autour, plus ou moins éloignés géographiquement et culturellement. Non. Il s’agit d’une mosaïque, et il n’y a pas de bord (sauf pour ceux qui pensent que la Terre est plate). La Terre est un spectre géographique en 3D.
Neurodivers.e
Terme qui apparaît dans les années 1990 au sujet de l’autisme, puis s’est étendu au début des années 2000 à d’autres conditions. Il souligne l’idée que le cerveau humain est très diversifié dans sa formation et son fonctionnement, en particulier en ce qui concerne le traitement et les comportements associés à certaines conditions:
- l’autisme (je le place en premier car ce sont majoritairement les autistes qui portent ce paradigme de neurodiversité).
- le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH)
- la dysgraphie (écriture)
- la dyscalculie (arithmétique)
- la dyslexie (lecture)
- la dysorthographie (orthographe)
- la dyspraxie (coordination motrice)
- la prosopagnosie (ne pas reconnaître les visages)
- le trouble des fonctions exécutives
- les troubles obsessionnels compulsifs (TOC)
- le syndrome de Gilles de la Tourette
Note que nombre de ces conditions sont encore qualifiées de « troubles » ou de « syndromes » (pour certaines d’entre elles le mot figure même dans le nom).
La neurodiversité est à l’espèce humaine ce que la biodiversité est à la vie sur Terre. Et l’Humanité en a besoin (article * liste des autistes célèbres)
Ce terme me va bien. Ces mots reflètent l’évolution de la réflexion autour des diverses conditions neurologiques. Et en effet, tout ce vocabulaire s’inscrit dans le paradigme de la neurodiversité.
On parle de variations neurologiques, ou de neurotypes: des variations normales, naturelles, de l’espèce humaine. Comme être droitier ou gaucher. La communauté neurodiverse a adopté ce terme afin de mettre un terme (ha ha) à l’approche médicale (maladie) et de lutter contre la stigmatisation attachée à ceux qui ne sont pas neurotypiques.
Mais Robert, cela ne s’arrête pas là. On parle aussi de neuronormativité, neurominorité, neuroinclusion, neuroexclusion, neurocapitalisme, neuromanité. Et se développent depuis récemment le neuroart, la neurodanse…
Tu vois, Robert, encore un paquet de mots à intégrer dans ton dictionnaire! Et comme tu le sais, les mots donnent forme aux pensées, aux croyances, à la vision du monde et des autres, donc accélère, stp Robert. Tout un mouvement de pensée est en marche depuis des années, saute dans le wagon et garde ton avance sur le Larousse !
Et pour une nouvelle définition de l'autisme, lis ça.
Pour explorer: wiki * une invitation à reconsidérer la nature humaine * Stanford Neurodiversity Project * film * film
Pour en rire (mais c’est vraiment comme ça qu’on vous voit, les NT): le syndrome neurotypique
[crédit photo: l’Antre de la Chouette]
ps: Aujourd’hui c’est la Sainte Anne. Bonne fête, moi.
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