Récemment sur mon blog professionnel, un échange sur les pervers narcissiques (PN). Il s’avère que l’un des articles que j’ai écrit sur le sujet est le plus lu de tout le site, bien que ce ne soit pas le thème principal du site. C’est dire comme le problème est répandu.
Je partage ici ma réponse, car de nombreux autistes sont victimes des PN et autres sadiques. Notre naïveté, nos difficultés à décrypter le non-dit, à deviner les intentions cachées, font de nous des proies faciles. Rappelons que 9 autistes femmes sur 10 sont victimes dans leur vie d’au moins un abus sexuel, qui va souvent jusqu’au viol. J’en fais partie.
Donc voilà. Une lectrice écrit ceci en commentaire:
“Il est vite fait de catégoriser une personne de perverse narcissique”.
“Le psychisme est une chose trop complexe pour pouvoir émettre un avis objectif sur le mal et le bien. Les facteurs qui pourraient conduire à de telles personnalités sont multiples, souvent au regard d’un problème dans l’enfance. Et sans doute d’un fonctionnement de pensée rapide mais… trop rapide. Des émotions souvent en dents de scie, qui vont du parfait à l’horreur.”
“Le problème vient aussi de soi et à raisons gardées, si l’on se dirige vers ce genre de personnalités toxiques pour soi, c’est qu’il y a certainement un manque que nous avons cherché chez cet autre. Peut-être faudrait-il chercher en ce sens plutôt que de blâmer l’autre ou tenter de catégoriser. Personne n’est parfait”.
3 thèmes essentiels: la « catégorisation », l’empathie/pardon vis a vis du bourreau, et le partage de responsabilité entre le bourreau et la victime. Et je ne suis d’accord avec cette personne sur aucun de ces points :))
La catégorisation
Tout d’abord, la « catégorisation ». Ce concept est connoté négativement dans notre culture française, et d’ailleurs elle ajoute « il est vite fait de ».
Il ne s’agit PAS de catégorisation, mais de poser des MOTS sur des phénomènes, situations, réalités, faits. Ces mots sont indispensables pour pouvoir en parler, échanger, et aider les victimes à comprendre ce qui se passe.
C’est le même phénomène pour l’autisme diagnostiqué à l’âge adulte. Si j’ai compris que ma différence c’était l’autisme Asperger, c’est GRACE à la rencontre avec d’autres autistes, au sein d’une association où il y en a beaucoup et qui en PARLE, grâce à des autistes dans le monde entier qui le DISENT, se sont faits diagnostiquer et se décrivent, voire se définissent comme autistes.
C’est une question d’identité et de survie.
C’est ce que je fais à présent (blog, livre).
On nous le reproche régulièrement: « Ah mais ça sert à quoi de se mettre une étiquette, de vouloir rentrer dans une catégorie? ». Cela n’a rien à voir. Il s’agit de comprendre qui on est, ce qu’on fait et pourquoi, et ENFIN trouver des personnes comme nous, qui nous comprennent, qui peuvent nous aider. Idem pour les victimes de PN.
Et quand bien même il s’agirait de catégorisation, où est le problème ? Nous faisons tous partie de plusieurs catégories. Nous, chaque être humain, ne sommes pas si uniques et exceptionnels que nous n’avons aucun équivalent dans le monde.
L’empathie
Quant à l’empathie vis-a-vis des bourreaux alors là je dis HALTE ! Il est naturel de chercher à comprendre comment une personne peut être aussi cruelle et dézinguée, c’est tellement stupéfiant, et cela permet aussi de comprendre que le problème c’est eux.
Mais il s’avère que se faire des noeuds dans la tête à ce sujet ne sert à RIEN, et est même dangereux. Le risque est de pardonner, donner une énième chance, plaindre ces pauvres malheureux. NON. Ces gens sont des tueurs et il faut être fermes avec eux. Le zéro contact est d’ailleurs la seule solution qui marche. Personnellement, maintenant que j’ai compris les causes probables du narcissisme malveillant, JE M’EN FOUS de ces raisons, ce n’est pas le sujet. Le sujet c’est: les pervers narcissiques sont dangereux et n’ont AUCUN scrupule. Peu importe comment ils en sont arrivés là. Je ne perds plus ma matière grise à les comprendre, et encore moins à leur trouver des excuses.
La responsabilité
Et enfin, la prétendue responsabilité des victimes. Discours HYPER toxique pour les victimes. NON les victimes n’ont AUCUNE responsabilité. Les victimes sont des VICTIMES. Le fait d’être attiré.e par les profils de pervers narcissiques pour diverses raisons (syndrome de l’abandon, traumatisme d’enfance, naïveté, etc) n’est en AUCUN cas une raison valable pour être torturé.e. C’est comme dire qu’une femme légèrement vêtue qui se fait violer l’a bien cherché.
En revanche, il est de la responsabilité des victimes de faire un travail sur ces failles, une fois qu’elles ont été comprises. Grâce aux échanges et à la prétendue catégorisation ci-dessus 🙂
Ami.e autiste: tu n’es PAS responsable des actions malveillantes des gens, proches ou inconnus, à ton égard.
(Enfin, sauf si tu les as maltraités toi-même avant, of course!)
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