Lucie Périer

La musique “toute nue” sans artifice…

Il émane de Lucie Périer un monde ethereal (*), onirique, peuplé de forêts et d’elfes celtes.
La flûte et le chant sont ses talents principaux et elle en a fait son métier. C’est un cadeau pour le monde, car ses sons sont des ondes apaisantes qui contribuent à l’élévation de la fréquence ambiante.
Lucie est autiste.

Interview:

Bonjour Lucie, qui es-tu, qu’as-tu envie de dire à ton sujet ?
Je m’appelle Lucie Périer, et je me présente souvent comme une musicienne anémochore ! Anémo, c’est le vent en grec, et chore c’est la graine. En botanique, on parle de plantes anémochores, c’est à dire des plantes dont les graines sont dispersées par le vent. Avec ma musique, c’est pareil.

De quels instruments joues-tu ?
Je joue de la flûte traversière et je chante.

Comment définis-tu ta musique ?
Ma musique vient principalement des traditions orales et des cultures populaires. J’ai appris avec mes parents qui sont aussi musiciens, et qui m’ont appris la musique irlandaise. C’est donc cette musique-là qui est ma langue maternelle musicale et que je connais le mieux. Avec mon parcours assez atypique, en dehors des institutions, je suis allée vers le jazz mais aussi vers les musiques à danser pour les bals folks et festou noz en Bretagne. J’explore beaucoup de styles et cultures différentes, du Pérou à la Norvège en passant par la Bulgarie, et plus récemment l’Afrique de l’Ouest avec le groupe Kongo Yélé.

Quel est son objectif, son message ?
Je ne sais pas si ma musique a un objectif ou un message… En tout cas, grâce à ces voyages musicaux, j’espère transmettre l’idée que les musiques nous rapprochent en tant qu’êtres humains dans nos différences et dans nos similitudes.
J’espère aussi faire connaître les musiques traditionnelles qui sont encore un peu méconnues d’une manière générale, et peut-être mal comprises. Ces musiques sont de véritables langues vivantes qui sont sans cesse en évolution, en donc très modernes !
Ce que j’aime par-dessus tout, dans ces musiques, c’est la musique “toute nue” sans artifice. Juste des instruments et des musiciens authentiques et vulnérables, et donc imparfaits. Je compare souvent la musique à la nourriture, car c’est une nourriture pour les oreilles et l’âme et, comme avec les aliments, il s’agit de faire attention à notre alimentation musicale, et spirituelle d’une manière générale.
En ce qui me concerne, je dis souvent que je joue de la musique “bio” et “locale” !

Composes-tu ?
Oui je compose de la musique. J’ai longtemps composé pour la danse, pour la musique de bals folks et festou noz dans les groupes Les Round’Baleurs et Trio Tarare.
Puis, j’ai fait un voyage en Nouvelle Calédonie en 2017 qui a été une véritable renaissance. Là-bas, j’ai composé de nombreux morceaux, dans le style irlandais. Certains ont été enregistrés dans l’album Apples In Winter avec mon ami violoniste Orwin Hébert en 2019. Les autres vont paraître courant septembre 2021 en format numérique, dans un album que j’appelle Planxty Project – vol 1.
Le terme “planxty” est associé au compositeur irlandais emblématique Turlough O’Carolan, qui composait des mélodies, à la fois très simples et très belles, en hommage à des personnes, des lieux… Donc le terme “planxty”, dont on ne connaît pas vraiment l’origine, c’est l’idée de rendre hommage à travers la musique, et c’est quelque chose qui me touche profondément.
L’année dernière, j’ai eu aussi le besoin de composer des berceuses irlandaises, qu’on appelle en gaélique Suantrai, d’abord pour m’apporter de la douceur et du réconfort, et si en plus je peux partager cette douceur alors je suis comblée !
Enfin, j’aime associer la flûte et la méditation, et aller improviser quelques mélodies dans la forêt près de chez moi ! C’est très ressourçant !

As-tu d’autres talents ?
Je ne sais pas si c’est un talent, mais je pratique ce que j’appelle la “patouilles-thérapie” : un mélange de journal créatif et d’art-thérapie avec une touche de magie et de spiritualité. J’ai créé Les Patouilles de Lucie l’année dernière (un site internet, une chaîne youtube et un compte instagram/facebook) pour partager mes pages de journal, et j’ai renoué avec la joie enfantine de dessiner, de colorier, de peindre, de coller, déchirer… Et je suis tellement ravie de pouvoir partager cette nouvelle passion !

Et puis, j’ai aussi créé ma petite école, l’Ecole Anémochore, qui est davantage une école buissonnière qu’une école institutionnelle ! J’ai très mal vécu ma scolarité ainsi que mes études musicales en école de musique, alors je cherche des manières de transmettre qui me correspondent davantage et qui peut-être correspondent mieux à d’autres personnes. La transmission orale de la musique par exemple, qui est celle que je privilégie (donc sans partition), est une approche qui permet de développer une écoute fine et sensible, et qui redonne de la liberté à de nombreux élèves anémochores. Alors malgré mon syndrome de l’imposteur que j’ai du mal à lâcher, je continue à faire confiance à mon intuition, et à explorer, chercher, …. sans jamais savoir ce que je vais trouver et c’est ça qui est magique !

(*) Le mot français « éthéré » étant dévoyé en une image négative, j’utilise le mot en anglais, qui me parle davantage, même dans sa sonorité 😊


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