Oui, parlons-en du QI. Le fameux QI, en particulier des Asperger.
Tout d’abord, tous les Asperger ne sont pas des génies, et tous les Asperger n’ont pas un QI supérieur à la moyenne.
Contrairement à ce que véhiculent les films et séries TV, type Rain Man, HPI et compagnie.
Ne confonds pas Asperger et syndrome du savant, ça n’a rien à voir.
Je sais que les médias adooooorent les bêtes de foire, et ne s’intéressent en général qu’aux handicapés d’exception, mais non, autiste Asperger n’est pas égal à tronche de cake. En tout cas pas toujours, loin de là.
Donc le QI, qu’est-ce que c’est.
C’est une mesure de l’UNE des formes d’intelligence.
Il a été conçu à une époque lointaine (1905) où on pensait qu’intelligence = raisonnement, logique, maîtrise des mots.
Le test d’admission à Mensa est basé sur le QI. Mensa ayant été fondée en 1946, c’est logique.
Certes, la définition et le calcul du QI ont évolué depuis, mais globalement on reste dans le même paradigme.
Or il existe de nombreuse formes d’intelligence et, Asperger ou allistique, on ne les a pas toutes.
A l’heure actuelle on en dénombre 9:
- linguistique
Capacité et aisance à manier le langage et les lettres. - musicale
Capacité de comprendre, ressentir, mémoriser, interpréter, créer ou apprécier la musique et les rythmes. - logico-mathématique
Capacité à résoudre des problèmes abstraits de logique ou de mathématique, de calculer et catégoriser. Manipuler les chiffres avec aisance, émettre des hypothèses, comprendre des phénomènes complexes.
Très valorisée dans le calcul du QI. - spatiale
Sens de l’espace, de l’architecture et de l’environnement spatial. - corporelle-kinesthésique
Habilités physique et intelligence du corps. Capacité à utiliser son corps comme moyen d’expression. - intrapersonnelle
Intelligence de l’introspection, de l’auto analyse, qui permet une bonne connaissance de soi. - interpersonnelle
Capacité à comprendre les autres, anticiper, avoir de l’empathie, de la tolérance. Etre à l’écoute des autres, être sensible aux réactions et aux besoins de son entourage. Permet de détecter les sous-entendus des relations sociales, favorise les coopérations et l’analyse des interactions. - naturaliste
Observation, la capacité de reconnaitre et de classer tout ce qui compose l’environnement naturel, la faune et la flore mais également l’univers culturel qui nous entoure. - existentielle (ou spirituelle)
Aptitude à se questionner sur l’essence et l’origine de l’existence et des choses.
Il y a aussi par-dessus tout ça le concept d’intelligence cristallisée (connaissance acquise et maîtrisée, que l’on peut transmettre) et d’intelligence fluide ( capacité de raisonner, d’utiliser les informations familières pour résoudre des problèmes).
En résumé: QI élevé ne veut pas dire "intelligent.e". Ça ne veut rien dire, "intelligent.e".
D’où une source majeure d’incompréhension par les neurotypiques, y compris les gens de la MDPH, des difficultés rencontrées par les autistes Asperger dans la vie courante: QI élevé = intelligent = aucun problème. Eh ben non. Lis mon article sur le ménage, par exemple.
Et tu comprends bien que l’intelligence interpersonnelle, on ne l’a pas vraiment. En tout cas avec les NT, car entre nous autistes on se comprend pas mal, en général.
L’intelligence corporelle-kinesthésique n’est pas très répandue chez les autistes non plus, c’est le moins qu’on puisse dire. Personnellement je trébuche sur mes propres pieds.
Autre source de problème avec ce QI: on ne peut pas en parler sans se faire soupçonner de sentiment de supériorité.
Or à mes yeux, mon QI est juste une de mes caractéristiques. Je n’en tire ni gloriole ni rien. C’est juste un fait. Je n’en suis ni fière ni pas fière.
Je l’aime, mon QI, car il m’aide à décrypter très rapidement ce que les NT me disent, leurs comportements, les situations étonnantes qui me déconcertent. C’est grâce à lui que je peux naviguer dans le monde en compensant au maximum mes différences cognitives, sociales, etc. Mais pour moi c’est juste un outil. Et je manque de pas mal d’autres outils bien pratiques dans la vie quotidienne, crois-moi.
Pourtant, mon QI j’ai appris à ne pas en parler.
Ça passe toujours mal.
Je suis membre de Mensa, et je le tais. Car en France, ça ne passe pas du tout. Et ça me soûle, ces réactions puériles par rapport à cette info. Jalousie ? Peur ? Je ne comprends pas. Je suis la première à dire que certes, j’ai un QI de 145 mais je suis à peine capable d’utiliser un automate de paiement de parking sans explications. Alors pourquoi ces réactions si vives ? C’est culturel, certes, car dans les pays anglo-saxons ça se met sur son CV, au contraire.
Tiens, je viens de te le dire, mon QI. Dis-moi, honnêtement, quelle est ta réaction?
Donc voilà, au sujet du QI.